Mises en garde et précautionsAnamnèse et examen médical
Le rapport bénéfice/risque du traitement pour la patiente doit être évalué avant la première utilisation puis régulièrement au cours de l'utilisation. Cette évaluation comprend une anamnèse approfondie (y compris familiale) et un examen général et gynécologique. La fréquence et la nature de ces examens auront lieu conformément aux recommandations suisses en matière de gynécologie et en tenant compte de la situation individuelle de la patiente. Ces examens doivent généralement comprendre une mesure de la pression artérielle, un examen des seins, de l'abdomen et des organes pelviens, y compris frottis cervical systématique.
Il faut en particulier tenir compte des contre-indications et des précautions.
Avant de prescrire Depo-Provera 150, il faut éclaircir les troubles de la menstruation, tels qu'une oligoménorrhée ou une aménorrhée.
S'il existe l'une des situations décrites ci-après, il faudra peser, au cas par cas, le bénéfice attendu du progestatif par rapport aux risques possibles et en discuter avec la femme avant que celle-ci opte pour Depo-Provera 150. Il faudra demander à la femme de consulter son médecin si l'une ou plusieurs des situations énumérées ci-dessous survient/surviennent pour la première fois ou s'aggrave/s'aggravent.
Influence sur les os
Les injections d'acétate de médroxyprogestérone (MPA) baissent les taux sériques d'estrogènes. Plusieurs études cliniques et épidémiologiques ont montré une perte statistiquement significative de la densité minérale osseuse (DMO) tant chez les utilisatrices adultes qu'adolescentes de Depo-MPA (voir «Propriétés/Effets»). Celle-ci n'était pas entièrement réversible dans tous les cas après l'arrêt du traitement. Pendant l'utilisation de MPA et les premières années suivantes, la réduction de la DMO ne s'accompagnait pas d'un taux accru de fractures. On ignore toutefois si la réduction observée de la DMO pourrait à long terme entraîner une élévation du risque de fractures.
La perte de DMO revêt une importance particulière pendant l'adolescence et au début de l'âge adulte, car il s'agit d'une phase cruciale de la croissance osseuse. On ignore si les injections de MPA sont susceptibles de réduire la masse osseuse maximale chez l'adolescente et la jeune femme et d'augmenter le risque de fracture ostéoporotique future.
La perte de DMO s'accroît avec la durée du traitement. Par conséquent, Depo-Provera 150 ne peut être employé à long terme comme contraceptif (soit pendant plus de deux ans) que lorsque l'usage d'autres contraceptifs est impossible. Il convient d'effectuer une mesure de la densité minérale osseuse lors d'un traitement à long terme par injections de MPA. L'interprétation de cette mesure doit tenir compte chez l'adolescente de l'âge et de la maturation du squelette.
D'autres méthodes contraceptives doivent être prises en considération chez la femme présentant des facteurs de risque ostéoporotique (par ex. maladies métaboliques osseuses, abus chronique d'alcool ou de nicotine, anorexie nerveuse, risque marqué d'ostéoporose dans l'anamnèse familiale ou traitement à long terme par d'autres médicaments pouvant réduire la densité osseuse tels que les anticonvulsivants et corticoïdes) car les injections de MPA peuvent accroître encore plus ce risque.
Il est recommandé de veiller chez toutes les femmes à un apport suffisant en calcium et en vitamine D.
Les précautions mentionnées ci-dessus sont également valables pour les femmes recevant Depo-Provera 150 pour le traitement des troubles vasomoteurs liés à la ménopause, car il faut partir du principe que l'effet du MPA sur le métabolisme osseux est également négatif dans cette tranche d'âge.
Affections thromboemboliques
Les études épidémiologiques sur l'effet à long terme d'un traitement hormonal combiné substitutif chez les femmes postménopausées révèlent un risque accru d'événements thromboemboliques veineux et artériels, tels que thromboses veineuses profondes, embolies pulmonaires, infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux. On ignore si les résultats des études citées ci-après, menées avec des associations estro-progestatives, sont transposables à l'acétate de médroxyprogestérone en monothérapie.
·Cardiopathie coronarienne: deux études cliniques à grande échelle n'ont montré globalement aucun effet favorable dans la prévention primaire (WHI CEE/MPA Substudy) et la prévention secondaire (HERS: Heart and Estrogen/Progestin Remplacement Study) des événements cardiovasculaires et un risque éventuellement accru d'événements cardiovasculaires par rapport au placebo dans la première année d'utilisation.Le bras «CEE/MPA» de l'étude WHI a montré un risque accru d'événements cardiovasculaires (définis comme des infarctus du myocarde non mortels et un décès par cardiopathie coronarienne) chez les femmes traitées par des estrogènes conjugués (CEE) et l'acétate de médroxyprogestérone (MPA) par rapport au placebo (37 versus 30 pour 10'000 années de vie).
·Accident vasculaire cérébral: le bras recevant les CEE/MPA de l'étude WHI a montré un risque accru d'accident vasculaire cérébral chez les femmes traitées par des estrogènes conjugués (CEE) et l'acétate de médroxyprogestérone (MPA), par rapport au placebo (29 versus 21 pour 10'000 années de vie). Une augmentation du risque a été observée dès la première année du traitement et s'est maintenue pendant toute la durée de l'observation.
·Affections thromboemboliques veineuses: le bras recevant les CEE/MPA de l'étude WHI a montré un doublement du nombre d'événements thromboemboliques par rapport au placebo chez les femmes qui ont été traitées par des estrogènes conjugués (CEE) et de l'acétate de médroxyprogestérone. Cette augmentation du risque a été observée dès la première année du traitement et s'est maintenue pendant toute la durée de l'observation.
C'est pourquoi l'administration de Depo-Provera 150 doit être arrêtée en cas de survenue d'une thrombose. De même, Depo-Provera 150 ne doit pas être administré en cas d'immobilisation prolongée occasionnée par une opération ou une maladie. Il faut avertir les femmes qui ont des antécédents de maladies thromboemboliques du risque de réapparition de ces complications.
Cancer du sein
Le risque de cancer du sein augmente avec l'âge. L'utilisation d'associations estro-progestatives par des femmes postménopausées augmente le risque de diagnostic de cancer du sein. L'étude WHI (bras de l'étude recevant les CEE/MPA) a révélé que le risque de souffrir d'un cancer du sein augmente avec la durée de l'hormonothérapie et diminue de manière continue au cours des 10 ans suivant l'arrêt des préparations hormonales.
Les femmes qui utilisent un contraceptif hormonal estro-progestatif ont, d'après une métaanalyse de 54 études épidémiologiques, un risque relatif faiblement accru (RR=1.24) de diagnostic de cancer du sein en comparaison des non utilisatrices. Après l'arrêt du contraceptif hormonal estro-progestatif, le risque accru diminue progressivement et n'est plus détectable après 10 ans. Puisque les cancers du sein sont rares avant l'âge de 40 ans, chez les femmes qui utilisent un contraceptif hormonal estro-progestatif ou l'ont utilisé jusqu'à récemment, le nombre de diagnostics supplémentaires de cancer du sein, par rapport au risque total de développer un cancer du sein, est faible. Ces études n'apportent aucune preuve de causalité. Chez les femmes qui avaient utilisé un contraceptif hormonal estro-progestatif, les cancers du sein étaient généralement moins évolués au moment du diagnostic que chez les femmes qui n'avaient jamais utilisé de contraceptif hormonal estro-progestatif. Cette augmentation du risque chez les utilisatrices d'hormones pourrait s'expliquer par un diagnostic précoce, des effets biologiques des préparations ou une association des deux facteurs.
Il se peut que le risque encouru par les utilisatrices de produits purement progestatifs soit comparable au risque encouru par les utilisatrices de préparations estro-progestatives, mais les données actuellement disponibles ne permettent pas d'évaluer le risque de façon conclusive et les études épidémiologiques disponibles ont donné des résultats contradictoires. Chez les femmes traitées actuellement ou ayant été traitées ces dernières années par Depo-MPA, un risque relatif augmenté (2.0) de cancer du sein a été démontré.
Tant qu'un effet biologique ne peut pas être exclu comme cause potentielle de l'augmentation observée du risque, chez les femmes qui ont des facteurs de risque préexistants de cancer du sein (par ex. anamnèse familiale correspondante), il faut évaluer individuellement le rapport bénéfices/risques.
Carcinome ovarien
Plusieurs études épidémiologiques indiquent qu'un traitement hormonal au cours de la ménopause pourrait être associé à une augmentation du risque de développer un cancer ovarien épithélial. Une augmentation du risque a été constatée tant pour la monothérapie par un estrogène que pour un traitement hormonal de substitution combiné. Bien que la plupart des études n'aient démontré une augmentation du risque que dans le cadre d'une utilisation au long cours (au moins 5 ans), une méta-analyse (portant sur la revue de 17 études prospectives et 35 études rétrospectives au total) publiée en 2015 n'a révélé aucune relation de ce type avec la durée d'utilisation.
Dans l'étude prospective, randomisée, contrôlée par placebo menée par la WHI, une augmentation du risque statistiquement non significative a été constatée (HR 1.41; IC à 95% 0.75-2.66).
Étant donné que les carcinomes ovariens sont beaucoup plus rares que les cancers du sein, l'augmentation du risque absolu est faible chez les femmes utilisant ou ayant récemment utilisé un traitement hormonal au cours de la ménopause.
On ignore dans quelle mesure ces résultats sont applicables à une monothérapie par un progestatif.
Troubles dépressifs
Les dépressions et humeurs dépressives sont connues comme étant des effets indésirables potentiels lors de l'utilisation d'hormones sexuelles, y compris de contraceptifs hormonaux (voir aussi la rubrique «Effets indésirables»). De tels troubles peuvent survenir peu de temps après le début du traitement. La dépression peut être grave et représente un facteur de risque de suicide ou de comportement suicidaire. Les utilisatrices de contraceptifs hormonaux doivent donc être informées des symptômes éventuels des troubles dépressifs. Il faut impérativement conseiller à l'utilisatrice de s'adresser sans délai à un médecin si elle remarque des sautes d'humeur ou d'autres symptômes de dépression au cours de l'utilisation du contraceptif. Les patientes ayant des antécédents de dépression doivent être surveillées attentivement pendant le traitement. En cas d'apparition de dépressions graves pendant le traitement par Depo-Provera 150, le traitement doit être interrompu.
Démence
La WHIMS (Women's Health Initiative Memory Study, un bras de l'étude WHI) a montré sous un estrogène conjugué (CEE) seul ou en association avec l'acétate de médroxyprogestérone (MPA) un risque accru de survenue d'une démence probable ou de troubles cognitifs légers chez les femmes postménopausées à partir de 65 ans.
L'utilisation d'une hormonothérapie en prévention d'une démence ou de troubles cognitifs n'est donc pas recommandée. On ignore dans quelle mesure ces résultats observés sous un THS combiné sont aussi pertinents pour l'acétate de médroxyprogestérone en monothérapie.
Diabète
Les progestatifs peuvent influencer la résistance périphérique à l'insuline et la tolérance au glucose. Les données disponibles ne donnent toutefois aucun indice montrant qu'il faille modifier le schéma thérapeutique chez les diabétiques qui utilisent un produit purement progestatif. Il faut néanmoins étroitement surveiller les diabétiques pendant les premiers mois suivant l'injection de Depo-Provera 150.
Rétention liquidienne
Le traitement par les progestatifs peut provoquer une rétention liquidienne et une prise de poids. Il faut étroitement surveiller les patientes présentant des maladies préexistantes (par ex. asthme, migraine, troubles de la fonction cardiaque ou rénale, épilepsie) susceptibles de s'aggraver par suite d'une rétention liquidienne.
Autres précautions
·Les observations contrôlées à long terme où des femmes utilisaient une contraception par Depo-Provera 150 n'ont pas mis en évidence de risque élevé de tumeur hépatique ou cervicale, mais par contre un effet prolongé et protecteur sur une réduction du risque de tumeur de l'endomètre.
·Le traitement par Depo-Provera 150 chez la femme en préménopause peut masquer l'apparition de la ménopause.
·Comme avec tous les contraceptifs hormonaux faiblement dosés, une maturation folliculaire est possible, et le follicule peut occasionnellement devenir plus gros que lors d'un cycle normal. En général, ces follicules hypertrophiques disparaissent spontanément. Ils sont souvent asymptomatiques, mais sont parfois tenus pour responsables de douleurs abdominales légères et exigent, rarement, une intervention chirurgicale.
·L'influence d'un traitement au long cours par l'acétate de médroxyprogestérone sur le fonctionnement de l'hypophyse, des ovaires, de l'utérus, des glandes surrénales et du foie n'a pas été étudiée systématiquement.
·Pendant l'utilisation de produits purement progestatifs, les menstruations peuvent devenir plus fréquentes ou plus longues, mais il se peut également que les menstruations ne surviennent plus qu'occasionnellement ou disparaissent totalement (voir «Effets indésirables»). Cela peut inciter les femmes à refuser cette méthode contraceptive. Pour améliorer l'acceptabilité de ces modifications des menstruations, il faut soigneusement informer à ce propos les femmes qui optent pour Depo-Provera 150. Si des menstruations très fréquentes ou irrégulières apparaissent, une autre méthode contraceptive doit être envisagée. La persistance d'hémorragies vaginales irrégulières impose un examen pour exclure des affections malignes. En cas d'aménorrhée, un test de grossesse doit être effectué.
·Pendant la grossesse comme pendant l'utilisation de stéroïdes sexuels, on a décrit les symptômes et maladies suivants, pour lesquels une relation avec l'utilisation d'un progestatif n'est pas démontrée: ictère et/ou prurit liés à une cholestase, lithiase biliaire; porphyrie; lupus érythémateux disséminé; syndrome hémolytique et urémique; chorée de Sydenham; herpes gestationis; perte d'audition due à une otospongiose.
·Occasionnellement, un chloasma peut apparaître, en particulier chez les femmes qui ont des antécédents de chloasma gravidique. Les femmes prédisposées doivent éviter l'exposition à la lumière solaire et à d'autres rayons ultraviolets pendant l'utilisation de Depo-Provera 150.
·Il faut étroitement surveiller les femmes qui sont simultanément traitées pour une hyperlipidémie.
·Les utilisatrices de Depo-Provera 150 doivent être incitées à ne pas consommer d'alcool ou de nicotine de manière abusive.
Il faut signaler à toutes les patientes auxquelles un contraceptif hormonal tel que Depo-MPA est prescrit que celui-ci n'offre aucune protection contre une infection à VIH ou contre d'autres infections sexuellement transmissibles. L'usage cohérent de préservatifs, en plus de Depo-Provera, doit être conseillé aux femmes issues des groupes à risque correspondants.
Il est prouvé que la prise régulière d'acide folique avant et pendant une grossesse contribue à prévenir les défauts de fermeture du tube neural (spina bifida, anencéphalie). C'est pourquoi lors de l'arrêt de la contraception hormonale, la prise continue de 0.4 mg d'acide folique par jour (par ex. sous forme d'une préparation multivitaminée) est recommandée en plus d'une alimentation riche en acide folique, à toutes les femmes chez lesquelles une grossesse est possible ou souhaitée.
Ce médicament contient moins de 1 mmol (23 mg) de sodium par seringue préremplie, c.-à-d. qu'il est essentiellement «sans sodium».
Ce médicament contient des parahydroxybenzoates. Il peut provoquer des réactions allergiques (éventuellement retardées), et exceptionnellement, des bronchospasmes.
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