CompositionSubstance active: méchloréthamine HCl, MSD = 2-chloro-N-(2-chloroéthyl)-N-méthyléthanamine HCl. Le poids moléculaire est 192,52 et le point de fusion est 109-110 °C.
Ampoules à 10 mg, triturée avec du chlorure de sodium q.s. ad 100 mg.
Propriétés/EffetsMéchloréthamine est un agent alcoylant biologique, exerçant une action cytotoxique qui inhibe la prolifération cellulaire rapide.
PharmacocinétiqueLa méchloréthamine n'est que partiellement résorbée par les membranes séreuses. Lors d'administration intraveineuse, elle est rapidement transformée en un ion éthylène-ammonium réactif. Après quelques minutes, il n'est habituellement plus possible d'en retrouver les traces dans le courant sanguin. Son excrétion a apparemment lieu par voie rénale (moins de 0,01% sous forme de substance inchangée).
Indications/Possibilités d'emploiAdministré par voie intra-veineuse, Mustargen est indiqué en tant que traitement palliatif de la maladie de Hodgkin généralisée. On a pu améliorer la réponse thérapeutique de patients souffrant de la maladie de Hodgkin, en administrant Mustargen comme composant d'un programme de traitement comportant divers agents chimiothérapeutiques.
Mustargen peut également se révéler utile chez des patients souffrant d'un lymphosarcome généralisé ainsi que d'un mycosis fongoïde. Mustargen peut convenir dans certains cas de carcinome bronchogénique. Des études contrôlées ont démontré sa supériorité sur un placebo, ainsi que sur d'autres agents alcoylants, par la survie qu'il permet, lorsqu'il est utilisé dans le traitement du carcinome épidermoïde du poumon. Il est toutefois inefficace dans le carcinome anaplasique du poumon, ainsi que dans celui à petites cellules en grain d'avoine. Il faut cependant souligner que son utilisation dans le carcinome bronchogénique ne conduit qu'à une amélioration passagère, de telle sorte que chaque cas requiert une appréciation clinique soigneuse du bénéfice possible, avant de débuter un programme de traitement.
Bien que les patients souffrant de leucémie myéloïde chronique, de leucémie lymphoïde chronique, ainsi que de leucémie aiguë, puissent présenter une réponse anti-tumorale à Mustargen, laquelle se manifeste par une diminution rapide du nombre des leucocytes, on ne peut le considérer comme étant le traitement de choix de ces maladies. L'usage de Mustargen doit être réservé aux situations d'urgence dans lesquelles est requise une réduction rapide d'une élévation dangereuse du nombre des leucocytes.
L'utilisation intracavitaire de Mustargen peut se révéler utile dans le contrôle des épanchements pleuraux, péritonéaux ou péricardiques, dûs à diverses tumeurs métastatiques.
Posologie/Mode d'emploiInjection intraveineuse
La posologie de Mustargen varie en fonction de la situation clinique, de la réponse thérapeutique, et de l'importance de la dépression hématologique. Généralement, on administre une dose totale de 0,4 mg/kg par traitement, soit en une seule injection, soit divisée en doses de 0,1 à 0,2 mg/kg par jour. La posologie devrait être établie sur la base d'un poids sec théorique. Il faut tenir compte de la présence d'oedèmes ou d'ascite, et calculer la posologie d'après le poids effectif, en faisant abstraction de ces surcharges liquidiennes.
En l'espace de quelques minutes consécutives à l'injection intraveineuse, Mustargen va subir une transformation chimique, entrer en combinaison avec des composés réactifs, et ne pas rester plus longtemps présent sous sa forme active dans le courant sanguin. Il ne faut pas administrer les traitements suivants avant que le patient ait récupéré au point de vue hématologique. Le meilleur moyen de repérer ce rétablissement consiste à opérer des contrôles répétés des éléments figurés du sang périphérique, et à attendre la normalisation des valeurs respectives. Il est souvent possible de répéter le traitement par Mustargen au bout de trois semaines déjà.
La marge de sécurité de la thérapeutique par Mustargen est étroite, et la posologie doit être calculée très soigneusement. Le principe directeur impératif pour la conduite subséquente du traitement consiste à suivre attentivement les résultats des hémogrammes répétés.
Préparation de la solution et administration intraveineuse
Chaque ampoule Mustargen contient 10 mg de chlorhydrate de méchloréthamine trituré avec du chlorure de sodium q.s. ad 100 mg. En solution neutre ou alcaline il subit une rapide transformation chimique et est très instable. Bien que les solutions préparées conformément aux instructions soient acides et ne se décomposent pas aussi rapidement, elles doivent être préparées extemporanément avant chaque injection car elles peuvent se décomposer si on les laisse reposer.
Au moyen d'une seringue stérile de 10 ml, injecter 10 ml d'eau stérile pour injections, ou 10 ml de soluté salin pour injections, dans une ampoule Mustargen. En laissant l'aiguille dans le bouchon de caoutchouc de l'ampoule, agiter celle-ci plusieurs fois, afin de dissoudre complètement le médicament. La solution ainsi obtenue contient 1 mg de chlorhydrate de méchloréthamine par ml.
Aspirer dans la seringue le volume calculé de solution requis pour une seule injection. Jeter tout reste de solution, après l'avoir neutralisé (voir plus loin). Bien que la solution puisse être injectée directement dans toute veine convenable, il est préférable de l'injecter dans la tubulure d'une perfusion en cours. Ce procédé réduit le risque de réactions locales graves, dues à une extravasation ou à la forte concentration du médicament. Le fait d'injecter le médicament dans la tubulure, plutôt que de le mélanger au volume entier du liquide destiné à la perfusion, minimise la réaction chimique entre le médicament et la solution. La vitesse d'injection n'a apparemment pas de limite critique, à condition que l'administration soit achevée en l'espace de quelques minutes.
Administration intracavitaire
On a parfois procédé à l'administration intracavitaire de moutardes azotées, avec des succès variables, dans certaines maladies malignes, en vue de maîtriser les épanchements malins pleuraux, péritonéaux et péricardiques.
La technique et la posologie varient pour chacun de ces traitements. Par conséquent, il faut consulter les articles publiés à ce sujet, lorsqu'on envisage l'administration intracavitaire de Mustargen. En raison des risques qu'impliquent ces procédés, le médecin doit être expérimenté dans la technique d'injection appropriée, et connaître à fond les indications, les posologies, les dangers et les précautions, qui sont décrits dans les publications spécialisées. Lors de l'administration intracavitaire de Mustargen, il faut évidemment aussi se souvenir des précautions générales à prendre avec ce médicament.
A titre de directives générales, il est spécialement recommandé de se référer aux techniques de Weisburger et coll. L'administration intracavitaire est indiquée en présence d'épanchements pleuraux, péritonéaux ou péricardiques dus à des tumeurs métastatiques. La thérapeutique locale aux moutardes azotées n'est appliquée qu'en présence de cellules malignes dans l'épanchement. L'injection intracavitaire est déconseillée lorsque le liquide accumulé est de nature chyleuse, car les résultats ne semblent alors guère être probants.
Il faut d'abord pratiquer une paracentèse et évacuer la majeure partie de l'épanchement pleural ou péritonéal.
Mustargen administré par voie intracavitaire peut exercer une partie au moins de son pouvoir par l'intermédiaire d'un poudrage chimique qu'il provoque. Pour cette raison, il faut évacuer le liquide en excès, afin de permettre au médicament d'entrer plus facilement en contact avec les revêtements péritonéaux et pleuraux. Lors de l'injection intrapleurale ou intrapéricardique, la moutarde azotée est introduite directement à travers l'aiguille ayant servi à la paracentèse. Pour l'injection intrapéritonéale, elle est administrée à travers un tube de caoutchouc inséré dans le trocart utilisé pour la paracentèse, ou à travers une aiguille no 18 implantée à un autre endroit. Ce médicament doit être injecté lentement, en aspirant fréquemment, afin de s'assurer de son libre écoulement. Si le liquide ne peut pas être aspiré, l'injection de la solution hors de la cavité peut provoquer des douleurs et des nécroses. La libre circulation du liquide est également requise pour prévenir l'injection dans une poche loculée, et pour assurer une dissémination adéquate de la moutarde azotée.
La posologie usuelle de la moutarde azotée destinée à une injection intracavitaire comporte 0,4 mg/kg, bien que 0,2 mg/kg (ou 10 à 20 mg) aient été administrés par voie intrapéricardique. La solution se prépare comme décrit précédemment pour l'injection intraveineuse, en injectant 10 ml d'eau stérile pour injections, ou 10 ml de soluté salin pour injections, dans l'ampoule contenant 10 mg de méchloréthamine HCl. (Il a également été utilisé des quantités de 50 à 100 ml de soluté salin normal, comme diluant.) Pendant l'heure consécutive à l'injection, il faut changer la position du patient toutes les 5 à 10 minutes, afin d'obtenir une distribution plus uniforme du médicament dans toute la cavité séreuse. Le liquide restant peut être retiré de la cavité pleurale ou péritonéale par paracentèse, 24 à 36 heures plus tard. Le patient doit être suivi attentivement, et il faut procéder à des examens cliniques et radiologiques, afin de déceler de nouvelles accumulations de liquide.
L'injection intrapleurale provoque rarement des douleurs, qui sont un inconvénient courant lors de l'injection intrapéritonéale, et souvent associées à des nausées, des vomissements et de la diarrhée d'une durée de 2 à 3 jours. L'injection intrapéricardique peut provoquer des irrégularités cardiaques transitoires. Des décès peut-être précipités par la moutarde azotée ont été rapportés à la suite de son administration intracavitaire. Bien que l'absorption de Mustargen administré par voie intracavitaire ne soit probablement pas complète, en raison de son inactivation rapide par les liquides organiques, son effet systémique est imprévisible. Les effets indésirables aigus, tels que nausées et vomissements, sont généralement modérés. La dépression médullaire est en principe plus faible qu'à la suite d'une injection intraveineuse du médicament. Il faut éviter l'administration intracavitaire chez les patients soumis à un traitement systémique susceptible d'inhiber la fonction médullaire.
Limitations d'emploiContre-indications
En raison de la toxicité de Mustargen et de ses effets indésirables, il faut établir le bilan des risques et des inconvénients qu'implique pour les patients l'administration de ce médicament, et des bénéfices limités pouvant en être escomptés, en présence d'un carcinome inopérable ou de son stade terminal. Ces bénéfices peuvent varier en fonction de la nature et du stade de la maladie traitée. L'administration routinière du Mustargen dans tous les cas de néoplasmes largement disséminés est à déconseiller.
L'administration de Mustargen aux patients présentant une leucopénie, une thrombocytopénie et une anémie dues à l'envahissement de la moelle osseuse par la tumeur, implique un risque accru. Chez ces patients, une bonne réponse au traitement, avec disparition de la tumeur de la moelle osseuse, peut être associé à une amélioration de la fonction médullaire. En revanche, en l'absence d'une bonne réponse, ou chez des patients déjà prétraités au moyen de médicaments chimiothérapeutiques, l'hématopoïèse peut encore être davantage compromise. La leucopénie, la thrombocytopénie et l'anémie peuvent s'aggraver jusqu'à l'issue fatale.
Les tumeurs du tissu osseux et nerveux ont insuffisamment répondu à cette thérapeutique. Son application est contre-indiquée en présence de maladies infectieuses connues. Les résultats sont imprévisibles en présence de différents types de tumeurs disséminées et malignes.
Précautions
Ce médicament est très toxique, et la poudre ainsi que la solution doivent être maniés et administrés avec précaution. Etant donné que Mustargen est un puissant vésicant, il est en principe destiné à l'injection intraveineuse, qui constitue le mode d'administration dans la majorité des cas. Il faut éviter d'inhaler des particules de la poudre ou des vapeurs dégagées par la solution, de même que tout contact avec la peau et les muqueuses, spécialement avec celles des yeux. En cas de contact accidentel des yeux, il faut immédiatement laver avec de la solution NaCl physiologique ou un collyre isotonique après quoi une consultation ophtalmologique doit avoir lieu. En cas de contact accidentel avec la peau, la partie atteinte doit être lavée pendant 15 minutes au moins, puis avec une solution d'hyposulfite de soude à 2% (cf. Avertissements).
Ne pas utiliser une solution ayant terni ou changé de couleur, ni des ampoules contenant des gouttelettes d'eau visibles. La solution doit être préparée extemporanément en vue de l'injection, et le reste non utilisé doit être neutralisé et jeté (cf. Posologie/Administration).
Lorsqu'on procède à un traitement comportant l'administration alternative de Mustargen, de rayons X ou d'une autre chimiothérapie, il faut prendre les précautions qui s'imposent. La dépression de la fonction hématopoïétique est un effet indésirable caractéristique de l'une et l'autre de ces thérapeutiques, et il ne faut jamais administrer Mustargen à la suite d'une radiothérapie, ni appliquer des rayons X à la suite d'une chimiothérapie, avant d'avoir constaté la restitution de la fonction médullaire. C'est surtout l'irradiation de régions telles que le sternum, les côtes et les vertèbres qui peut donner lieu à des complications hématologiques, si elle suit de trop près un traitement à la moutarde azotée.
La thérapeutique par des agents alkoylants tels que Mustargen peut être associée d'une incidence augmentée de néoplasmes secondaires, particulièrement en cas de thérapie concomitante avec d'autres médicaments antinéoplasiques ou par rayons X.
Il peut survenir une hyperuricémie pendant le traitement par Mustargen. Il faut prévoir la possibilité d'une précipitation d'urates, particulièrement dans le traitement des lymphomes, et prendre les mesures appropriées pour contrôler l'hyperuricémie. Il importe de veiller à un apport suffisant de liquide avant l'instauration du traitement.
Emploi concomitant de Mustargen avec de l'allopurinol, de la colchicine, du probénécide, du sulfinpyrazone: Mustargen peut provoquer une hausse de l'uricémie. Une adaptation des doses des produits antigoutteux peut s'avérer nécessaire en vue de contrôler l'uricémie et la goutte. Il conviendrait de donner la préférence à l'allopurinol, en raison du risque accru de néphropathie uricémique due aux antigoutteux d'action uricosurique.
Etant donné que les effets toxiques du médicament et spécialement le risque d'une aplasie médullaire secondaire semblent être plus fréquents dans la leucémie lymphoïde chronique que dans d'autres maladies, il faut prendre de grandes précautions s'il s'avère indispensable d'administrer Mustargen dans ces cas.
Grossesse/Allaitement
Administration au cours de la grossesse
Catégorie de grossesse D.
Les recherches pharmacologiques ont prouvé que les moutardes azotées ont provoqué des malformations foetales, spécialement si elles ont été administrées en début de gestation. Chez la femme en âge de procréer il faut donc établir le bilan des bénéfices à escompter et des risques à courir, avant de leur administrer Mustargen. Il faut les informer du risque auquel elles s'exposent. Chez les patientes enceintes nécessitant un tel traitement pour une tumeur évolutive menaçant leur vie, il faut attendre au moins le troisième trimestre, avant d'instaurer la thérapeutique par Mustargen.
Mères nourrices
Bien qu'il n'existe que peu de données sur l'excrétion dans le lait maternel de substances antinéoplasiques, on recommande de s'abstenir d'allaiter ou d'interrompre l'allaitement durant un traitement par la méchloréthamine, en raison des risques potentiels que pourrait encourir le foetus (effets indésirables, mutagénicité, carcinogénicité).
Avertissements
L'extravasation du médicament, dans les tissus sous-cutanés, provoque une inflammation douloureuse. La zone peut devenir indurée, et il peut s'y produire une escarre. Dès que l'on constate une fuite du médicament, il faut promptement procéder à l'infiltration de la région avec une solution stérile d'hyposulfite de soude (0,16M), et l'application d'une compresse de glace pendant 6 à 12 heures, peut minimiser la réaction locale. Pour préparer la solution de 0,16 M d'hyposulfite de soude, dissoudre 4,14 g d'hyposulfite de soude dans 100 ml d'eau stérile pour injections, ou 2,64 g d'hyposulfite de sodium anhydre pour 100 ml, ou diluer 4 ml d'hyposulfite de sodium injectable (à 10%) dans 6 ml d'eau stérile pour injections.
Avant d'administrer Mustargen, il importe d'établir un diagnostic histologique précis de la maladie, de connaître son évolution habituelle, et l'anamnèse clinique complète du patient. Il faut en premier lieu établir son status hématologique. Il est essentiel de connaître tous les risques encourus, et les effets thérapeutiques à escompter. La sélection des patients doit être fondée sur une évaluation clinique soigneuse. Si l'on ne parvient pas à établir clairement l'indication, il faut s'abstenir de l'administration de ce médicament.
Etant donné qu'une thérapeutique à la moutarde azotée peut contribuer au développement extensif et rapide d'une amyloïdose, elle ne peut être appliquée qu'en l'absence de foyers inflammatoires suppuratifs aigus et chroniques.
Effets indésirablesL'utilisation clinique de Mustargen provoque généralement des manifestations toxiques.
Toxicité locale
L'injection intraveineuse peut être suivie d'une thrombose ou d'une thrombophlébite résultant d'un contact direct du médicament avec l'intima de la veine choisie pour l'administration. Il faut éviter une concentration forte et un contact prolongé avec le médicament, surtout en présence d'une pression élevée dans la veine radiale (p.ex. lors d'un syndrome grave de la veine cave, dû à une compression par une tumeur médiastinale).
Toxicité systémique
Les effets indésirables tels que nausées, vomissements et dépression des éléments cellulaires du sang circulant sont les facteurs limitants de la posologie et surviennent généralement sous l'influence de doses totales de Mustargen. L'ictère, l'alopécie, des vertiges, des acouphènes et une diminution de l'acuité auditive peuvent se produire rarement. Très rarement, une anémie hémolytique concomitante de lymphomes ou d'une leucémie lymphoïde chronique peut être précipitée par un traitement par des agents alcoylants tels que Mustargen. Aussi des anomalies chromosomiques associées à la thérapie par de la moutarde azotée ont été rapportées.
Mustargen s'administre de préférence de nuit, dans les cas où il faut lui associer des sédatifs pour atténuer ses effets indésirables. Les nausées et les vomissements surviennent généralement 1 à 3 heures après l'administration du médicament. Les vomissements peuvent cesser au cours des premières 8 heures, mais les nausées peuvent persister pendant 24 heures. Les nausées et les vomissements peuvent être si intenses qu'ils peuvent précipiter des accidents vasculaires chez les patients ayant une tendance aux hémorragies. Une prémédication comportant des anti-émétiques associés à des sédatifs peut aider à maîtriser les nausées et les vomissements incoercibles. Les moutardes azotées peuvent également provoquer de l'anorexie, de l'asthénie et de la diarrhée.
Le traitement usuel par Mustargen (dose totale de 0,4 mg/kg, administrée soit en une seule injection intraveineuse, soit divisée en deux ou quatre doses réparties sur la journée, de 0,2 ou 0,1 mg/kg, respectivement) produit généralement une lymphocytopénie en l'espace des 24 heures consécutives à la première injection. Une granulocytopénie significative survient dans les 6 à 8 jours suivants, et persiste pendant 10 jours à 3 semaines. L'agranulocytose semble être relativement peu fréquente. Dans la majorité des cas, la formule leucocytaire redevient normale deux semaines après la réduction maximale. La thrombocytopénie est variable, mais le laps de temps qui s'écoule entre son apparition et la normalisation de la numération plaquettaire concorde généralement avec celui de la série granulocytaire. Dans certains cas, une thrombocytopénie grave peut donner lieu à des gingivorragies et à des hémorragies gastro-intestinales, des pétéchies, et de petites hémorragies sous-cutanées. Ces symptômes paraissent être transitoires et, dans la majorité des cas ils cèdent lors de la normalisation de la numération plaquettaire. Occasionnellement, cependant, la dose usuelle de Mustargen peut provoquer une dépression grave et irrépressible du système hématopoïétique, particulièrement chez les patients atteints d'une maladie disséminée et affaiblis, ainsi que chez ceux qui ont été prétraités au moyen d'autres antinéoplasiques ou de rayons X. Les rapports signalent des pancytopénies persistantes. Dans de rares cas, les complications hémorragiques peuvent être dues à une hyperhéparinémie. Les taux des érythrocytes et de l'hémoglobine peuvent diminuer pendant les 2 premières semaines consécutives à la thérapeutique, mais rarement de façon significative. On peut constater une dépression du système hématopoïétique jusqu'à 50 jours ou plus à partir de l'instauration de la thérapeutique.
Des rapports mentionnent une activité immunosuppressive de Mustargen. Partant, la possibilité que le médicament peut prédisposer le patient à une infection bactérienne, virale ou fongique doit être considérée, dont la probabilité est supérieure sous corticothérapie concomitante.
Occasionnellement, il peut se produire une éruption cutanée maculopapulaire, mais elle peut être due à une idiosyncrasie et ne doit pas nécessairement récidiver lors des séries subséquentes de traitement par Mustargen. Chez un patient, un érythème polymorphe a été observé. Le zona, une complication infectieuse courante des lymphomatoses, peut se manifester pour la première fois après l'instauration de la thérapeutique et, parfois, son apparition peut être précipitée par le traitement qui doit être interrompu pendant la phase aiguë de cette maladie, afin d'éviter l'évolution vers un zona généralisé.
Du fait que les gonades sont sensibles au Mustargen, le traitement peut donner lieu à un retard des règles, une oligo- ou une aménorrhée temporaire ou permanente. Les rapports mentionnent des perturbations de la spermatogénèse, de l'azoospermie et une aplasie germinale totale chez des hommes traités au moyen d'agents alcoylants, surtout après thérapeutique concomitante avec d'autres médicaments. Parfois la spermatogénèse peut se normaliser pendant des périodes de rémission, mais après une chimiothérapie intensive, il se peut qu'on doive y attendre plusieures années. Il faut avertir les patients du risque potentiel pour leur capacité reproductive.
InteractionsMédications myélotoxiques et traitement par irradiations
Tant l'administration simultanée qu'intermittente de Mustargen est en mesure de renforcer l'action de ces médications ou du traitement par irradiations. Une réduction de la dose est donc recommandée.
Vaccins à virus vivants
En raison du fait que Mustargen supprime les mécanismes normaux de défense, l'administration concomitante de vaccins à virus vivants peut potentialiser la réplication du virus vaccinal, augmenter les effets indésirables du vaccin et/ou atténuer la réponse immunologique. Chez de tels patients, on ne devrait entreprendre une vaccination qu'avec la plus grande prudence, après évaluation soigneuse du status hématologique ainsi qu'en accord avec le médecin conduisant le traitement par Mustargen. Le délai qui s'écoule entre l'arrêt du traitement immunosuppresseur et la résurgence d'une réponse immunologique dépend aussi bien de l'intensité et du type de médication immunosuppressive que de l'affection traitée, ainsi que d'autres facteurs. On l'évalue entre trois mois et un an. Les patients leucémiques en phase de rémission ne devraient pas recevoir de vaccins à virus vivants durant trois mois au moins après leur dernière chimiothérapie. L'immunisation au moyen de vaccins anti-poliomyélite oraux devrait également être retardée chez les personnes vivant en contact étroit avec le patient.
SurdosageUne posologie dépassant la dose globale de 0,4 mg/kg pour un seul traitement peut déterminer une leucopénie, une anémie et une thrombocytopénie graves, et une diathèse hémorragique avec allongement du temps de saignement pouvant aboutir à une issue fatale. En cas de surdosage, le seul traitement semble consister en des transfusions sanguines répétées, associées, au besoin à une antibiothérapie des complications infectieuses et à des mesures de soutien générales. Il faut faire extrêmement attention à ne pas dépasser les doses moyennes recommandées.
La LD 50 de Mustargen i.v. comporte 2 mg/kg chez la souris et 1,6 mg/kg chez le rat.
Remarques particulièresNeutralisation des instruments et de la solution
Pour nettoyer les gants, les tubulures, la verrerie, etc., après l'administration de Mustargen, il faut les tremper dans une solution aqueuse contenant des volumes égaux d'hyposulfite de sodium (5%) et de bicarbonate de sodium (5%), pendant 45 minutes. Les résidus de réactifs et de produits de réaction cèdent aisément à un lavage à l'eau. Toute solution injectable non utilisée doit être neutralisée par mélange avec le volume équivalent d'une solution d'hyposulfite de sodium et de bicarbonate de sodium. Laisser reposer le mélange pendant 45 minutes. Les ampoules ayant contenu du Mustargen doivent être soumises au même traitement de neutralisation avant de les jeter.
Influence sur des méthodes diagnostiques
Les concentrations en isocitrate-déhydrogénase ainsi que de l'acide urique sanguin et urinaire peuvent s'en trouver rehaussées.
Les concentrations de la cholinestérase plasmatique peuvent être abaissées.
Conservation
Le produit ne doit être employé que jusqu'à la date mentionnées sur l'emballage par «EXP».
Mise à jour de l'informationJuin 1993.
IPC-MTG-0491/OMD-CH-7420/RL88
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