Propriétés/EffetsCode ATC
B02AB01
Mécanisme d’action/Pharmacodynamique
L’aprotinine, le principe actif de Trasylol, est un inhibiteur de protéases à large spectre, doté de propriétés antifibrinolytiques. En formant des complexes stœchiométriques enzyme-inhibiteur réversibles, l’aprotinine agit comme inhibiteur de la trypsine, de la plasmine, de la kallicréine plasmatique et de la kallicréine tissulaire humaines, et inhibe ainsi la fibrinolyse.
Dans la phase préliminaire de la coagulation, l’aprotinine inhibe en outre l’activation par contact qui amorce le processus de coagulation et favorise la fibrinolyse. Dans la situation particulière de la circulation extracorporelle et de l’activation par contact induite par les surfaces non physiologiques, l’inhibition supplémentaire de la kallicréine plasmatique semble contribuer à l’effet souhaité, que l’on pourrait décrire en termes généraux comme une réduction des troubles des systèmes de coagulation et de fibrinolyse.
L’aprotinine module la réponse inflammatoire systémique apparaissant dans les interventions sous circulation extracorporelle. Celle-ci entraîne l’activation de différents systèmes interdépendants (hémostase, fibrinolyse et réaction inflammatoire cellulaire et humorale). En inhibant plusieurs médiateurs (p. ex. la kallicréine, la plasmine et la trypsine), l’aprotinine provoque un affaiblissement de la réaction inflammatoire, de la fibrinolyse et de la synthèse de thrombine.
L’aprotinine inhibe la libération de cytokines lors de la réaction inflammatoire et maintient l’homéostasie des glycoprotéines. L’aprotinine réduit les pertes de glycoprotéines (p. ex. GpIb et GpIIb/IIIa) dans les thrombocytes et inhibe l’expression de glycoprotéines adhésives pro-inflammatoires (p. ex. CD11b) dans les granulocytes.
Lors d’un pontage sous circulation extracorporelle, l’aprotinine diminue ainsi la réaction inflammatoire, ce qui réduit le besoin en transfusions sanguines allogènes ainsi que les hémorragies et la réexploration du médiastin à la recherche d’hémorragies.
Efficacité clinique
Une évaluation des données de toutes les études contrôlées contre placebo, réalisées par Bayer chez des patients subissant un PAC a montré que l’incidence des augmentations des taux sériques de créatinine > 0.5 mg/dl par rapport aux valeurs initiales était statistiquement plus élevée dans le groupe traité par l’aprotinine à la posologie recommandée (voir « Posologie/Mode d’emploi »), à savoir de 9.0 % (185/2’047), que dans le groupe placebo, à savoir de 6.6 % (129/1’957) (odds-ratio [1.41 [1.12-1.79]). Dans la majorité des cas, l’altération postopératoire de la fonction rénale n’était pas grave et était réversible. L’incidence des augmentations des taux sériques de créatinine > 2.0 mg/dl par rapport aux valeurs initiales était en gros comparable (1.1 % contre 0.8 %) dans les groupes sous aprotinine et sous placebo (odds-ratio de 1.16 [0.73–1.85]) (voir aussi « Mises en garde et précautions »).
La mortalité hospitalière dans le pool des études cliniques randomisées est résumée dans le tableau ci-dessous:
Mortalité hospitalière dans le pool des études cliniques randomisées (population: tous les patients recrutés ayant subi un PAC et évaluables pour l’analyse de sécurité)
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Population
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Aprotinine à la dose complète
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Placebo
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Odds Ratio (IC à 95 %)
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n/N
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%
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n/N
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%
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Tous les PAC
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65/2’249
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2.9
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55/2’164
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2.5
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1.09 (0.78; 1.52)
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Premier PAC
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36/1’819
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2.0
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39/1’785
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2.2
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0.92 (0.62; 1.38)
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PAC répété
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22/276
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8.0
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13/255
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5.1
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1.47 (0.75; 2.87)
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Le Nordic Aprotinin Patient Registry (NAPaR), étude multicentrique non interventionnelle de surveillance active après autorisation, visait, entre autres, à mesurer l'incidence des problèmes de sécurité. Un sous-groupe de 1’384 patients ayant bénéficié d’un pontage aorto-coronarien isolé (PAC i) a été exposé à l'aprotinine. La mortalité hospitalière était de 1.3 % (IC 95 %: 0.73 %, 1.96 %). Les incidences des infarctus du myocarde et des événements thromboemboliques (ETE) étaient respectivement de 0.9 % (IC 95 %: 0.39 %, 1.39 %) et de 2.5 % (IC 95 %: 1.63 %, 3.28 %). La dysfonction rénale (augmentation postopératoire du taux de créatinine plasmatique > 0.5 mg/dL) et l'insuffisance rénale (augmentation postopératoire du taux de créatinine plasmatique > 2.0 mg/dL) ont été observés avec des incidences respectives de 2.7 % (IC 95 %: 1.82 %, 3.55 %) et de 0.15 % (IC 95 %: 0.02 %, 0.54 %). Dans les 24 heures suivant l'intervention, 1.3 % (IC 95 %: 0.73 %, 1.96 %) des patients ont nécessité une ré-exploration pour cause de saignement. En comparaison avec un contrôle historique tiré de la littérature, les résultats du NAPaR étaient principalement conformes au profil de sécurité connu de l'aprotinine dans l'indication approuvée.
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