PharmacocinétiqueUtilisé sans ritonavir, Invirase (mésylate de saquinavir) n’est pas bioéquivalent au saquinavir en capsules de gélatine molle (Fortovase).
Absorption
Chez des volontaires en bonne santé, l’absorption (mesurée sur la base de l’AUC) d’une dose orale unique de 600 mg s’est avérée beaucoup plus importante lorsque le produit a été pris après un repas (161 ng × h/ml contre 24 ng × h/ml à jeun). La présence d’aliments dans l’estomac a également prolongé le délai d’obtention de la concentration maximale, le portant de 2,4 à 3,8 heures, et a entraîné une nette augmentation de la concentration plasmatique maximale moyenne (C), qui est passée de 3,0 ng/ml à 35,5 ng/ml. Il a été prouvé que l’influence des aliments persiste jusqu’à 2 heures après leur consommation. Il convient donc qu’Invirase soit pris au cours des 2 heures suivant un repas.
Chez 22 patients infectés par le VIH et traités dans le cadre d’une étude en crossover deux fois par jour par Invirase/ritonavir 1000/100 mg et ayant reçu à jeun ou après un repas riche en graisses et en calories (46 g de lipides, 1091 Kcal) trois doses successives, l’AUCdu saquinavir a été respectivement de 10’320 ng × h/ml et de 34’926 ng × h/ml. Hormis un patient, tous les patients ont obtenu à jeun une Csupérieure à la valeur thérapeutique seuil. Néanmoins, Invirase/ritonavir devrait être administré dans les 2 heures suivant un repas.
Après administration, pendant un repas, d’une dose unique de 600 mg à des volontaires en bonne santé, la biodisponibilité absolue (moyenne) a été de 4% (coefficient de variation: 73%; fourchette: 1–9%). La faible biodisponibilité est attribuée à la fois à une absorption incomplète (30% environ) et à un important effet de premier passage. A noter que le pH gastrique joue un rôle de second plan dans la forte augmentation de la biodisponibilité lors de la prise concomitante de nourriture.
Après administration de doses orales multiples (25–600 mg trois fois par jour) avec de la nourriture, l’exposition a été plus (50 fois) que directement proportionnelle à l’augmentation de la dose (24 fois). L’accumulation après administration de doses multiples (25–600 mg trois fois par jour) à des patients infectés par le VIH est modeste. A l’état d’équilibre, l’AUC a été de 150% plus élevée qu’après l’administration de doses uniques.
Chez des patients infectés par le VIH ayant reçu pour instruction de prendre 600 mg d’Invirase (saquinavir) trois fois par jour après un repas ou une riche collation, l’AUC et la concentration plasmatique maximale (C) étaient deux fois plus élevées que chez des sujets sains (voir ci-dessous).
Tableau 7
AUC infini Cmax
(intervalle en ng/ml
posologique)
en ng × h/ml
-----------------------------------------------------
Sujets sains (n=6) 359,0 (46) 90,39 (49)
Patients (n=113) 757,2 (84) 253,3 (99)
Le saquinavir est un substrat de la glycoprotéine P (P-gp), transporteur de nombreux médicaments codé par le gène MDR1 , ce qui pourrait influer, d’une part, sur la faible biodisponibilité orale du saquinavir et, d’autre part, sur sa concentration intracellulaire.
Chez des patients infectés par le VIH, l’administration d’Invirase ou de saquinavir en capsules de gélatine molle en association avec le ritonavir aux posologies de respectivement 1000 et 100 mg ou 400/400 mg deux fois par jour a entraîné en l’espace de 24 heures une exposition systémique au saquinavir qui s’est avérée semblable à ou plus importante que celle enregistrée avec 1200 mg de saquinavir administré trois fois par jour sous forme de capsules de gélatine molle (voir Tableau 8).
Tableau 8
Traitement n AUCt AUC0–24 Cmax Cmin
(ng×h/ml) (ng×h/ml) (ng/ml) (ng/
ml)
------------------------------------------------------
Invirase 24 14,607 29,214 2,623 371
(capsules) (10,218– (1,894– (245–
2× 1000 mg/ 20,882) 3,631) 561)
jour plus
ritonavir
2× 100 mg/
jour*
------------------------------------------------------
Saquinavir 24 19,085 38,170 3,344 433
en capsules (13,943– (2,478– (301–
de gélatine 26,124) 4,513) 622)
molle 2×
1000 mg/jour
plus
ritonavir
2× 100 mg/
jour*
------------------------------------------------------
Invirase 7 16000 32000 2500 480
2× 400 mg/
jour plus
ritonavir
2× 400 mg/
jour*
------------------------------------------------------
Saquinavir 31 7,249 21,747 2,181 216
en capsules (85) (74) (84)
de gélatine
molle
3× 1200 mg/
jour*
------------------------------------------------------
Invirase 10 866 2,598 197 75
(capsules) (62) (75) (82)
3× 600 mg/
jour
------------------------------------------------------
Invirase/ 22 10320 20640 – 1179
ritonavir
1000 mg/
100 mg deux
fois par
jour à jeun
------------------------------------------------------
Invirase/ 22 34926 69852 – 1179
ritonavir
1000 mg/
100 mg deux
fois par
jour après
un repas
riche en
graisses
t = intervalle posologique, soit 8 heures pour 3 administrations quotidiennes et 12 heures pour 2 administrations quotidiennes.
C= concentration plasmatique à la fin de l’intervalle posologique.
* Résultats exprimés en valeurs moyennes (intervalle de confiance à 95%).
La bioéquivalence des comprimés pelliculés d’Invirase à 500 mg et des capsules d’Invirase à 200 mg a été démontrée chez 94 volontaires sains (87 hommes et 7 femmes) ayant reçu 1000 mg d’Invirase sous forme soit de comprimés pelliculés (2× 500 mg), soit de capsules (5× 200 mg) après un repas en association avec 100 mg de ritonavir deux fois par jour. Pour les comprimés pelliculés d’Invirase, les rapports moyens d’exposition ont été estimés, par comparaison avec les capsules en gélatine dure d’Invirase, à 1,10 pour l’AUCet à 1,19 pour la C, avec des intervalles de confiance à 90% de respectivement 1,04–1,16 et 1,14–1,25. Chez les 7 femmes, la biodisponibilité s’est avérée significativement plus élevée que chez les 87 hommes (AUC +56%, C+26%). Le poids corporel plus faible ou l’âge des femmes n’a pas permis d’expliquer cet effet significativement dépendant du sexe.
Distribution
Le saquinavir diffuse largement dans les tissus. Le volume de distribution moyen à l’état d’équilibre, après administration intraveineuse d’une dose unique de 12 mg de saquinavir, a été de 700 litres. Le saquinavir témoigne d’une forte liaison aux protéines (98%), indépendante d’une concentration comprise entre 15 et 700 ng/ml.
Chez deux patients ayant reçu Invirase à raison de 600 mg trois fois par jour, les concentrations de saquinavir dans le liquide céphalo-rachidien étaient faibles comparées à celles retrouvées dans les échantillons de plasma.
Métabolisme
Le saquinavir est essentiellement métabolisé par voie hépatique. Plus de 96% d’une dose intraveineuse radiomarquée apparaissent dans les selles au cours des 48 heures suivant l’administration. Quatre jours après l’administration d’une dose orale radiomarquée, 88% de cette dose apparaissent dans les selles et 1% dans l’urine. Des études in vitro ont montré que le saquinavir est métabolisé par le cytochrome P450, l’isoenzyme spécifique CYP3A4 étant responsable de plus de 90% du métabolisme hépatique. L’excrétion rénale constitue une voie d’élimination très minime du saquinavir (<4%). Le métabolisme du saquinavir a été étudié dans la bile, le plasma et des microsomes de rats, ainsi que dans des microsomes d’autres espèces, y compris l’homme. Le saquinavir est rapidement dégradé en une série de composés monohydroxylés et dihydroxylés inactifs.
Elimination
La clairance systémique est très rapide, soit 80 l/h, ce qui est proche du débit sanguin hépatique. La clairance systémique s’est avérée constante après perfusion intraveineuse de doses de 6 mg, 36 mg et 72 mg pendant 3 heures. La demi-vie du médicament a été de 7 heures.
Cinétique pour certains groupes de patients
Aucune donnée n’est encore disponible. Seul 1% du saquinavir est excrété dans l’urine. Aussi la cinétique d’élimination ne devrait-elle être que très faiblement modifiée chez l’insuffisant rénal.
Effet spécifique du sexe des patients
La pharmacocinétique des capsules d’Invirase à 200 mg n’a pas différé en fonction du sexe chez 71 volontaires sains ayant reçu une dose unique de 600 mg.
Une différence en fonction du sexe a été observée lors de l’étude de bioéquivalence ayant comparé les comprimés pelliculés d’Invirase à 500 mg aux capsules à 200 mg, en association au ritonavir: l’exposition au saquinavir a en effet été plus importante chez les femmes que chez les hommes (AUC de 56%, Cde 26%). Aucun indice n’a suggéré que l’âge et le poids corporel aient pu expliquer cette différence. Les comprimés pelliculés d’Invirase à 500 mg n’ont pas fait l’objet d’études thérapeutiques.
|