Propriétés/EffetsCode ATC
B03XA01
Mécanisme d'action
L'érythropoïétine humaine recombinante (rhEPO) est une glycoprotéine purifiée qui stimule l'érythropoïèse.
L'époétine bêta, obtenue par génie génétique, présente une composition en acides aminés et en glucides identique à celle de l'érythropoïétine native extraite de l'urine de patients anémiques.
L'érythropoïétine humaine recombinante (rhEPO) a un poids moléculaire de 32000 à 40000 daltons. La protéine, qui représente environ 58% de la molécule, comprend 165 acides aminés. Les 4 chaînes glucidiques sont reliées à la protéine par 3 liaisons N-glycosidiques et une liaison O-glycosidique.
Chez le sujet sain, l'érythropoïétine est produite par les reins et déversée dans le flux sanguin en fonction de la saturation des tissus en oxygène. Avec le sang, l'érythropoïétine parvient à son organe cible, qui est la moelle osseuse.
Pharmacodynamique
Lors de l'administration de rhEPO à des anémiques, le taux d'hémoglobine commence généralement à remonter 2 à 6 semaines après le début du traitement. On n'a pas encore pu démontrer chez l'enfant d'accélération concomitante d'une croissance retardée.
Efficacité clinique
Etudes chez les patients cancéreux
L'érythropoïétine est un facteur de croissance qui stimule principalement la production de globules rouges. Des récepteurs de l'érythropoïétine peuvent être produits à la surface de diverses cellules tumorales.
Le temps de survie et la progression tumorale ont été évalués dans cinq études contrôlées de grande envergure, menées chez au total 2833 patients. Quatre de ces études étaient des études en double aveugle, contrôlées contre placebo et la cinquième étude était une étude ouverte. Deux études ont recruté des patients recevant une chimiothérapie. Le taux cible d'hémoglobine était >13 g/dl dans deux études et de 12-14 g/dl dans les trois autres études. Dans l'étude ouverte, aucune différence quant à la survie globale n'a été constatée entre les patients traités par un ASE et les témoins. Dans les quatre études contrôlées contre placebo, le hazard ratio pour la survie globale a été de 1,25 à 2,47 en faveur des témoins. Ces études ont montré, par rapport aux groupes témoins, une augmentation continue inexpliquée et statistiquement significative, de la mortalité chez les patients atteints d'une anémie liée à différents cancers fréquents et recevant un ASE. Les différences d'incidence des thromboses et des complications reliées à celles-ci entre les patients ayant reçu un ASE et les patients des groupes témoins n'ont pas permis d'expliquer de manière satisfaisante le résultat de la survie globale dans ces études.
Une méta-analyse (reposant sur des valeurs individuelles de patients) regroupant les données des 12 études cliniques contrôlées, réalisées avec Recormon chez des patients cancéreux anémiques (n = 2301), a montré un hazard ratio estimé ponctuellement pour la survie globale de 1,13 en faveur des témoins (IC 95%: 0,87, 1,46). Chez les patients avec un taux initial d'hémoglobine ≤10 g/dl (n = 899), le hazard ratio estimé ponctuellement pour la survie a été de 0,98 (IC 95%: de 0,68 à 1,40).
Un risque relatif accru d'événements thromboemboliques a été observé dans la population globale (RR 1,62, IC 95%: 1,13; 2,31).
Une analyse systématique de plus de 9000 patients cancéreux ayant participé à 57 études cliniques a été effectuée. Une méta-analyse des données de survie globale a montré un hazard ratio estimé ponctuellement pour la survie globale de 1,08 en faveur des témoins (IC 95%: 0,99; 1,18; 42 études et 8167 patients). Un risque relatif accru d'événements thromboemboliques (RR 1,67, IC 95%: 1,35; 2,06, 35 études et 6769 patients) a été observé chez les patients ayant été traités par un ASE. Il existe donc une preuve cohérente permettant de conclure à l'absence d'avantages en matière de survie globale pour les patients cancéreux traités par un ASE. On ignore dans quelle mesure ces résultats pourraient s'appliquer aux patients cancéreux traités par une chimiothérapie et recevant un ASE avec pour objectif un taux d'hémoglobine inférieur à 13 g/dl, car l'ensemble des données étudiées ne contenait que peu de patients présentant ces caractéristiques.
L'efficacité de Recormon lors de myélome multiple, de lymphome non hodgkinien de faible malignité ou de leucémie lymphoïde chronique a été démontrée chez des patients présentant une carence relative en érythropoïétine, définie comme suit:
Taux d'érythropoïétine sérique ≤100 mU/ml pour une valeur de l'hémoglobine de > 9 à < 10 g/dl (> 5,58 à < 6,2 mmol/l).
Taux d'érythropoïétine sérique ≤180 mU/ml pour une valeur de l'hémoglobine de > 8 à < 9 g/dl (> 4,96 à < 5,58 mmol/l).
Taux d'érythropoïétine sérique ≤300 mU/ml pour une valeur de l'hémoglobine ≤8 g/dl (≤4,96 mmol/l).
Etudes chez des patients insuffisants rénaux
Dans une étude randomisée (CREATE) avec l'époétine bêta, menée chez 603 patients avec anémie rénale, une tendance à une augmentation des événements cardiovasculaires a été observée dans le groupe avec normalisation du taux d'hémoglobine à 13 et 15 g/dl, par comparaison avec le groupe présentant des taux cibles plus faibles, de 10,5-11,5 g/dl. Cette tendance n'a toutefois pas été statistiquement significative (58 cas contre 47, p = 0,20).
La fréquence des événements thromboemboliques a été de 11,3% chez les patients traités avec des taux cibles d'hémoglobine élevés (13-15 g/dl) versus 7,3% chez les patients avec un taux cible d'hémoglobine bas (10,5-12,5 g/dl) (p = 0,06). Le taux de thromboses de l'abord artérioveineux chez les patients ayant subi une dialyse a également été plus élevé avec les taux cibles d'hémoglobine élevés (4% versus 3%) (p = 0,42).
Le délai jusqu'à l'instauration d'une dialyse a été raccourci dans le groupe avec taux d'hémoglobine cibles plus élevés (p = 0,034), bien qu'aucune différence n'ait été constatée sur le plan de la clairance médiane de la créatinine. Dans l'ensemble, les résultats plaident néanmoins plutôt en faveur d'une correction partielle que d'une normalisation de routine du taux d'hémoglobine par Recormon.
Dans une étude randomisée avec l'époétine alpha chez des patients en prédialyse (CHOIR), dans laquelle 1432 patients ont été répartis dans un bras avec un taux d'hémoglobine cible élevé (13,5 g/dl) ou dans un bras avec un taux d'hémoglobine cible bas (11,5 g/dl), le nombre d'événements cardio-vasculaires a été significativement plus élevé dans le groupe avec les taux cibles élevés que dans celui avec les taux cibles bas (17% vs 14%; 125 vs 97 cas; p = 0,03). La fréquence des événements thromboemboliques a été de 18% dans le bras de l'étude avec un taux d'hémoglobine élevé et de 17% dans celui avec un taux d'hémoglobine bas (p = 0,65).
Des analyses post-hoc poolées d'études cliniques avec des agents stimulant l'érythropoïèse (ASE) ont été réalisées chez les patients atteints d'insuffisance rénale chronique (patients dialysés, diabétiques et non diabétiques). Une tendance à l'augmentation du risque de mortalité globale et des événements cardiovasculaires et cérébrovasculaires a été observée à des doses cumulées d'ASE plus élevées, indépendamment du statut de dialysé ou de diabétique des patients (voir «Posologie/Mode d'emploi» et «Mises en garde et précautions»).
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