Propriétés/EffetsCode ATC
N06AX21.
Mécanisme d’action
La duloxétine est un inhibiteur à la fois de la recapture de la sérotonine (5-HT) et de la noradrénaline (NA). Elle inhibe faiblement la recapture de la dopamine et n'a pas d'affinité significative pour les récepteurs histaminiques, dopaminergiques, cholinergiques et adrénergiques. La duloxétine augmente de façon dose-dépendante les taux extracellulaires de sérotonine et de noradrénaline dans différentes zones du cerveau chez l'animal.
Pharmacodynamique
Des tests neurochimiques et comportementaux chez l'animal ont montré une augmentation de la neurotransmission dans le SNC de la sérotonine comme de la noradrénaline. En outre, la duloxétine a normalisé les seuils de douleur dans plusieurs modèles précliniques de douleur neuropathique et inflammatoire et a atténué le comportement algique dans un modèle de douleur persistante.
Efficacité clinique
Traitement de la dépression
On suppose que le mécanisme d'action de la duloxétine, dans le traitement des symptômes émotionnels et somatiques de la dépression, repose sur l'inhibition de l'absorption neuronale de la sérotonine et de la noradrénaline, induisant une potentialisation de la neurotransmission sérotoninergique et noradrénergique au niveau du SNC.
La duloxétine a été étudié lors d'études cliniques incluant un total de 2951 patients (soit une exposition de 1259 patients-années) présentant un épisode dépressif majeur selon les critères DSM-IV.
L'efficacité de la duloxétine à la posologie recommandée de 60 mg, une fois par jour, a été démontrée dans les deux études à court terme, randomisées, menées en double aveugle et contrôlées contre placebo, utilisant des doses fixes de duloxétine chez des patients adultes non hospitalisés et présentant un épisode dépressif majeur.
D'une façon générale, l'efficacité de la duloxétine a été démontrée à des doses journalières comprises entre 60 et 120 mg dans quatre des six études à court terme, randomisées, menées en double aveugle et contrôlées contre placebo, utilisant des doses fixes de duloxétine chez des patients adultes non hospitalisés et présentant un épisode dépressif majeur.
La duloxétine a démontré une supériorité statistique par rapport au placebo mesurée par l'amélioration du score total sur l'échelle de dépression à 17 points de Hamilton (HAM-D17), qui prend en compte à la fois les symptômes émotionnels et somatiques de la dépression.
Les taux de réponse et de rémission étaient également supérieurs de manière statistiquement significative avec la duloxétine par rapport au placebo. Seul un petit nombre des patients inclus dans les études cliniques pivots présentait une dépression sévère au début du traitement (HAM-D >25).
Dans une étude de prévention des rechutes, les patients ayant répondu à un traitement aigu de 12 semaines par 60 mg de duloxétine, une fois par jour, ont été randomisés, pour une durée supplémentaire de 6 mois, soit dans le groupe de la duloxétine 60 mg une fois par jour, soit dans le groupe placebo. La duloxétine, à la dose de 60 mg une fois par jour, a démontré une supériorité statistiquement significative par rapport au placebo sur le critère primaire d'évaluation qui était la prévention des rechutes, mesurée par le délai jusqu'à l'apparition d'une rechute (p= 0.004). L'incidence des rechutes pendant la période de suivi en double insu de 6 mois a été de 17 % sous duloxétine et de 29% sous placebo.
Dans une étude de prévention de la récurrence contrôlée en double aveugle contre placebo, les patients présentant une dépression unipolaire récurrente (≥3 épisodes dépressifs) sans symptômes psychotiques et traités avec la duloxétine avaient une période asymptomatique significativement plus longue (p < 0.001) comparé aux patients recevant un placebo.
Tous les patients avaient précédemment répondu à la duloxétine à des doses de 60 à 120 mg/jour au cours d'un traitement ouvert à la duloxétine (28 à 34 semaines). Durant la phase de traitement de 52 semaines contrôlée en double aveugle contre placebo, 14.4% des patients traités avec la duloxétine et 33.1% des patients recevant un placebo ont présenté une réapparition de leurs symptômes dépressifs (p < 0.001).
Trouble de l'anxiété généralisée
La duloxétine a démontré une supériorité statistiquement significative versus placebo dans les cinq études menées, dont quatre études à court-terme randomisées, contrôlées en double insu versus placebo et une étude de prévention des rechutes chez des patients adultes présentant un trouble de l'anxiété généralisée. Différentes posologies ont été testées dans ces études, la plus faible dose efficace étant de 20 mg et la plus haute dose de 120 mg. La duloxétine, à des doses allant de 20 à 120 mg une fois par jour, a donc démontré une supériorité statistiquement significative versus placebo mesurée par l'amélioration du score total sur l'échelle d'anxiété de Hamilton (HAM-A) et par le score de handicap fonctionnel global sur l'échelle de handicap de Sheehan (Sheehan Disability Scale, SDS). Concernant l'efficacité, il n'y a pas eu de différence dans les études entre les dosages de 60 mg et de 120 mg.
Les taux de réponse et de rémission étaient également plus élevés avec la duloxétine par rapport au placebo. La duloxétine a montré des résultats d'efficacité similaires à ceux de la venlafaxine en terme d'amélioration du score total sur la HAM-A.
Dans une étude à long terme, les patients ayant répondu à un traitement initial en ouvert de 6 mois par la duloxétine, ont été randomisés pour une durée supplémentaire de 6 mois, soit dans un groupe duloxétine, soit dans un groupe placebo. La duloxétine 60 mg à 120 mg, une fois par jour, a démontré une supériorité au placebo statistiquement significative (p < 0.001), déterminée sur la base du temps jusqu'à la détérioration (mesuré par l'échelle HAM-A).
L'incidence des détériorations pendant la période de suivi en double insu de 6 mois a été de 14% sous duloxétine et de 42% sous placebo.
Traitement des douleurs neuropathiques diabétiques
On suppose que l'action inhibitrice de la duloxétine sur la douleur résulte d'une potentialisation des voies descendantes inhibitrices de la douleur au niveau du système nerveux central.
L'efficacité de la duloxétine dans le traitement de la douleur neuropathique diabétique a été démontrée dans deux essais randomisés, de 12 semaines, menés en double et contrôlés contre placebo, à dose fixe, chez des adultes (âgés de 22 à 88 ans) souffrant de douleurs neuropathiques diabétiques depuis au moins 6 mois. Dans l'étude 1, les patients ont été assigné par randomisation à un traitement par duloxétine à 20 mg une fois par jour, duloxétine à 60 mg une fois par jour, duloxétine à 60 mg deux fois par jour ou placebo. Dans l'étude 2, les patients ont été assigné par randomisation à un traitement par duloxétine à 60 mg une fois par jour, duloxétine à 60 mg deux fois par jour ou placebo. Chez les patients dans cette étude, le traitement a été arrêté progressivement après 12 semaines. Les patients présentant les critères diagnostiques d'une maladie dépressive sévère ont été exclus de cette étude. Le critère d'évaluation principal dans les deux études était la moyenne hebdomadaire des scores moyens de douleur sur 24 heures. La douleur était notée par les patients dans des carnets sur une échelle de Likert à 11 points.
Dans les deux études, la duloxétine à 60 mg une fois par jour et à 60 mg deux fois par jour a significativement réduit la douleur par rapport au placebo. L'amélioration s'est poursuivie pendant toute la durée de l'étude et l'effet sur les douleurs était perceptible dès la visite de la 1ère semaine de traitement. L'amélioration moyenne entre les deux bras de traitement actif n'était pas statistiquement différente. Une réduction de la douleur de 50% au moins a été notée chez 50% environ des patients traités par la duloxétine par rapport à 26% des patients sous placebo.
Dans une étude ouverte à long terme non contrôlée, chez les patients répondeurs à un traitement de 8 semaines avec 60 mg de duloxétine une fois par jour, la réduction de la douleur mesurée par la variation de l'item douleur moyenne sur 24 heures du Brief Pain Inventory (BPI) était maintenue pendant une période supplémentaire de 6 mois.
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